Si tu différes de moi frère, loin de me lèser, tu m'enrichis !

Publié le par missstanislas

Voilà une citation de Saint-Exupéry que j'ai apprise dans un cours de français au lycée. Ce cours portait sur la tolérance.  Je retiens rarement l'intégralité des citations qui me plaisent (Merci Evene !), mais celle-ci avait une sonorité bien différente, elle a toujours résonné dans ma tête et elle m'était bien utile en arriavnt en France.

Commençons l'histoire depuis le début.

En 2001, une semaine après les attentats du 11/09, je débarque à tout juste 19 ans, à Nancy, capitale des ducs de Lorraine pour faire des études supérieures. Le choc de culture n'était pas très fort, étant donné que nous autres tunisiens, vivons dans un pays moderne, pays qui a libéré la femme (Merci Bourguiba !).  "Moderne" veut dire "occidentalisé", je m'explique :

  • on parle français ou plus exactement, on place des mots de français dans nos phrases en arabe pour donner un espèce de charabia, made in Tunisia;
  • on s'habille français (ou plus exactement "importé"), avant que la mondialisation ne nous impose le Made in China. Avant que le clan du président déchu ne nous crée Géant et Carrefour, pour nous ramener "Zara" :qui, soit dit en passant, était un acquis pour la femme Tunisienne plus important que sa libération  par Bourguiba, à en croire l'engouement de certaines ;
  • on mange français parfois ;
  • on regarde la TV française car  la TV Tunisienne n'est pas riche en informations et en programmes.

Tous ces éléments m'ont permis de m'intégrer rapidement dans la société française.

Au bout de deux ans, je répondais le lundi matin à mes interlocuteurs : "Je vais comme un lundi, quoi ! Et vivement le week-end prochain".

Au bout de quatre ans, la râleuse-attitude m'atteint : "Merde, quoi ! Faut faire quelque chose quoi ! J'en ai marre, quoi !".

Au bout de six ans, je commençais à trouver la cuisine tunisienne trop piquante et les tunisiens un brin impulsifs.

Aujourd'hui, j'ai dix ans d'expatriation à mon actif, je suis complètement intégrée dans la culture Française et vue comme une "extre-terrestre" par la culture Tunisienne.

Je reviens, donc, à la citation de Saint-Exupéry que j'ai mémorisée à 16 ans et qui a résonné dans ma tête tous les jours, à chaque rencontre que je faisais en France, à chaque comportement inexistant dans ma base de données de la vie. J'ai appris à tolérer la différence de l'Autre dans sa vision du monde, dans son comportement au quotidien, dans ses choix de vie. Je ne comprenais pas forcément l'Autre, mais je l'acceptais et le tolérais dans sa différence.

Différence, toute relative, parce que nous sommes tous enfants du monde. Seules les traditions et les moeurs changent, le reste est identique.

Différence, qui m'enrichissait tous les jours.

De plus, ma culture scientifique et cartésienne, me poussait  à croire très fortement en cette puissante citation de St-Exupéry. Par l'expérience, j'ai pu la vérifier. La différence de l'Autre, devient une source d'enrichissement, une mine inépuisable de force, d'ouverture d'esprit et d'âme.

Cependant, et à ma grande déception, je m'étais très vite heurtée à un mur en béton construit à travers des générations, en Tunisie, par une certaine "bourgeoisie sociale" ou plus exactement "une caste de nobles", comme celle qui a existé en France avant la Révolution Française.

Cette caste m'a démontré les limites de ma citation préfèrée.

Cette caste m'a déçue.

Cette caste m'exaspère.

Cette caste, refuse la différence et demande une normalisation transgénérationnelle, du type ISO900x, pour assurer une transmission des codes de comportements d'une génération à l'autre.

Cette caste, pense que le sang soit disant noble qui coule dans ses veines, est garant de sa survie.

Cette caste est arrogante, raciste, xénophobe, conformiste, lâche.

Cette caste veut faire écrouler ma croyance en la citation de St-Exupéry que j'ai pu vérifier par de longues années d'expérience. Mais je ne la laisserai pas parvenir à ses fins !

Je lutte et lutterai pour un monde de tolérance, de fraternité, d'acceptation de l'autre dans sa différence. Jamais, personne ne pourra détruire ma croyance : Si tu différes de moi, Frère, loin de me lèser, tu m'enrichis !

Ma richesse est immense, aucun compte bancaire ne peut la contenir. Elle est ancrée dans mon coeur et dans mon âme.

 

Il est grand  temps d'adresser à la caste un courageurx : "Dégage !".

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O
<br /> Je reviens pour commenter ton poste.<br /> Pour avoir côtoyé pas mal de cultures, je me rends compte que nous autres tunisiens, on est quand même pas mal xénophobes et on accepte très mal la différence.<br /> Dieu sait combien on est imparfait et combien on a des progrès à faire (dans le respect des autres, le respect des différences, etc). On est cependant d'avoir TOUJOURS raison et que de toute façon,<br /> c'est comme ça qu'il faut être et pas autrement.<br /> C'est bien dommage.<br /> Je pense qu'on a trop longtemps été habitué à la pensée unique. Et puis c'est tellement bien ancré dans le subconscient collectif. Du coup, on est peu tolérant face à la différence. Le comportement<br /> courant face à la différence est bien souvent l'incompréhension voire le mépris et l'agressivité.<br /> Ceci ne concerne bien évidemment pas tout les tunisiens, heureusement. Mais la majorité a encore du chemin à faire<br /> <br /> <br />
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O
<br /> Je découvre ton blog et je reconnais le style de tes articles :)<br /> Bienvenue sur la blogo!<br /> <br /> <br />
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